J'ai médit...
Au fil des années, j’ai développé une sorte de super pouvoir : je détecte les cons, les casse-couilles et autres tarés dès la deuxième phrase au téléphone. Et il y a 15 jours, je suis tombée sur une casse-couilles, dans la catégorie « bien brave, mais un peu lourde. » Rien d’anormal dans sa voix. Elle s’exprime bien, dans un bon français, de manière claire, mais je ne sais pas pourquoi, ça sent le boulet. Sûrement dans sa façon de me raconter sa vie dans les moindres détails, alors qu’au fond, elle voulait juste connaître mes tarifs, parce qu’elle allait bientôt adopter un chien. Les jours suivants, l’impression se confirme. Alors qu’on a discuté pendant deux heures sur les conditions pour adopter un chien, j’apprends qu’elle vient de récupérer son toutou, un malinois de… un mois !! (alors que, je le rappelle, l’âge légal pour acquérir un chiot est de deux mois. Avant, il est sevré trop tôt et ça peut poser problème). « Ah bon ? Pourtant, l’éleveur m’a dit que c’était bon ! ». Super… et super éleveur… Il voulait juste se débarrasser de son chiot, oui !
Les jours suivants, deux à trois fois par jour, elle m’appelle (alors qu’on avait rdv la semaine d’après) « et je dois lui donner quoi à manger ? Et je fais comment quand je pars ? Et je fais quoi quand il se bloque dans la rue… ? Et je fais quoi s’il a la diarrhée ? Et je fais quoi quand il mordille ?».
Bref, ce matin, je me lève de mauvais poil rien qu’à l’idée d’aller perdre deux heures à tenter de faire comprendre quelque chose à la maîtresse bien brave. Je gare mon scooter en bas de l’immeuble pourri de banlieue crade, je l’attache avec deux anti-vols (« je vais bien me le faire piquer, en plus ! »), et je traîne des pieds au point que mes chaussures en ont encore des rougeurs.
Je sonne à l’interphone. On m’ouvre directement sans rien dire. Ca m’énerve, ça ! Ils ne peuvent pas répondre à l’interphone ? Je ne connais pas l’étage et ça n’est pas marqué sur les boîtes. Je re-sonne. On me rouvre directement. Je crie « c’est à quel étage ? ». Pas de réponse. Je peste. Je savais que ça puait le boulet !
Finalement, je m’apprête à faire tous les étages en priant pour qu'il y ait le nom sur la porte, quand un monsieur arrive par l’ascenseur. Très cordial, il m’explique que l’interphone marche mal et s’excuse de m’avoir fait attendre. Ma colère retombe. Il a l’air sympa, en fait. Et me voilà qui arrive dans une famille très gentille. Deux pré-ados viennent me serrer la main. La femme est là, souriante. Tout le monde a l’air normal. La séance se passe tout à fait correctement. D’accord, ce ne sont pas des lumières, mais ils sont motivés et ils ont quand même l’air de comprendre ce que je dis (faut dire que j’ai cerné mon public, alors je répète trois fois chaque truc et j’utilise des mots bien simples). Je sors ravie d’avoir rencontré des gens simples, gentils et plein de bonne volonté. Bref, j’ai médit…
Les super pouvoirs, ça ne marche pas à tous les coups !